Cette mort qu'on a tant de peine a vivre

Les poètes trouvent que la tristesse c'est beau.
Des funérailles, ce n'est jamais beau, surtout quand la vie, ou plutôt la mort, t'oblige à y assister.
La dernière fois que j'ai rencontré la mort, c'est lorsque mon père perdit la vie.

L'atmosphère était grise. La peine des proches était soudainement devenue palpable. Si on pouvait la goûter, elle aurait eu un goût tellement amer que même une gomme n'aurait pu l'effacer.
Je ne voulais pas être la. Je ne voulais pas revivre cette émotion qui te gruge l'intérieur et qu'à force de combattre finit par t'épuiser deux fois plus.
Me changer les idées, c'est cela, il fallait que je me change les idées.
Je fixe le plafond, j'observe l'architecture : '' Quelle est splendide cette Église!''
On aurait dit que le lustre, lui, brillait de joie parce qu'on ne brille jamais de tristesse.

C'est à ce moment que j'entendis des pleurs. Cette jeune femme venait de perdre sa mère.
Ce n'était pas seulement sa mère, c'était toutes ces années qu'elle avait passé à croire qu'une mère est immortelle. On oublie parfois que nos parents ne sont pas des super-héros. On les prend pour acquis et un jour on se rend compte qu'il est trop tard.

De dos, je pouvais apercevoir le corps de la jeune femme trembler.
Sa peine était tellement lourde que même ses muscles n'avaient plus la force de la soutenir.
Ça y est, je craques. Pourtant, sa mère je ne la connaissais pas.
Je pleurai mon père.
A ce moment-ci je me suis rendue compte de l'aspect égoïste de l'homme.
En réalité, chaque personne de cette salle qui versait des larmes, ne faisait que ressentir se ré-ouvrir les cicatrices laissés par la perte d'un être cher à elle-même.

La putain de migraine qui suivit n'en valait pas la peine.
Des funérailles ce n'est jamais beau. Par contre, nous allons tous y passer.
Un jour c'est toi qu'on va pleurer. Alors pendant qu'il est encore possible,
vie ta peine avant qu'on ait de la peine devant ta mort.