Déjà trois ans ont passé depuis la dernière fois où la vie m’a permis de brandir mon passeport bleu. Cette vie qui nous place souvent face à un dilemme, nous demandant ainsi de choisir entre la richesse humaine qu’un voyage puisse nous apporter et le choix logique qui semble à priori le plus bénéfique à long terme en termes de sécurité sociale. Je me suis retrouvé dans cette situation pendant trente-six long moins où j’ai passé de sessions universitaires aux stages pratiques, à mon entrée officielle sur le marché du travail. Trois interminables années pendant lesquelles j’espérais trouver la force de passer au travers de ma rupture amoureuse sans devoir attendre jusqu’à ma prochaine évasion.
J’ai tenté à trois reprises de quitter temporairement ma vie montréalaise vers l’inconnu, seul, afin de marquer une véritable séparation temporelle entre le passé et ma renaissance émotionnelle. En vain, j’avais toujours une bonne raison de repousser mon voyage à plus tard, me roulant ainsi dans la même poussière, résidus d’une apothéose qui n’existe désormais que sur des cartes postales et souvenirs fragiles, vestiges de mes peines qui m’ont autrefois fait sourire. Je me suis alors résigné à ranger mon cher sac-à-dos de 50 litres au profit de choix de vie visant à m’offrir un meilleur avenir.
M’étant finalement fait à l’idée de la solitude, le célibataire que je suis s’est enfin réveillé de son coma amoureux, après trois ans d’abstinence totale face au plaisir du voyage en me disant: "Has it been that long…?". Les réminiscences des merveilles qui se sont si souvent dressées sous mes yeux ont donc jaillies depuis les racoins les plus profonds de mes souvenirs pour me rappeler cruellement que la vie défile beaucoup trop vite sous nos yeux. Il est grand temps de renouer avec mes amours et flirter à chaque jours et le plus souvent possible avec les courbe sinueuses des lettres formant l’écriture de la maxime Carpe Diem.
J’hésitais pendant longtemps à partir le plus loin possible, chez les maoïstes, dans le but de vivre le dépaysement le plus total. Ce voyage n’a toujours pas eu lieu. Un bon matin, une amie m’ajouta à une conversation en cours sur la toile, me proposant de joindre un groupe d’amis qui désirent partir en voyage de surf au Nicaragua. On n’a pas souvent l’occasion de voyager avec deux de ses meilleures amies, d’autant plus que je ne connais rien de ce pays centre-américain. Inutile de chercher davantage. Le "Yes Man" que je me suis efforcé de devenir depuis quelques mois afin de jaillir de cette crypte poussiéreuse avait déjà pris position. C’est parfait, je me lance! C’est ainsi que j’ai ressorti mon backpack de la plus haute tablette de mon armoire et me suis décidé à partir vers une destination qui, je dois l’avouer, ne faisait pas partie de la liste de mes prochains voyages à réaliser. Il ne m’a fallu qu’une fraction de seconde pour me souvenir que ce qui comptait était le voyage et non la destination. Et qui sait, peut-être que derrière cette porte vérouillée par mes amers songes triénaux trouverais-je une oasis ensoleillée qui saura marquer le début d’une nouvelle ère dominée par la légèreté de coeur que propose la Pura Vida?
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